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De la prise au conscience au positionnement 

« Le » territoire n'existe pas

L'OPPOSITION LOCAL-GLOBAL (IDENTITÉ-ALTÉRITÉ), UN DÉBAT MAL ORIENTÉ ?

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« Dans l’écart, c’est grâce à l’entre-ouvert par la distance apparue que chacun, au lieu de se replier sur soi-même, reste tourné vers l’autre, mis en tension par lui. »

« Dans la différence, chacun s’en retournant de son côté, s’étant séparé de l’autre pour mieux identifier son identité, il n’y a pas d’'entre" qui s’ouvre entre-deux et plus rien ne passe. Mais dans l’écart, en revanche, c’est grâce à l’entre-ouvert par la distance, apparue que chacun, au lieu de se replier sur soi-même, reste tourné vers l’autre, mis en tension par lui. » 
« Si chaque époque connaît sa forme de résistance, posons que la nôtre soit celle- là : de résister de prés, pied à pied, à ces deux menaces, de l’uniformisation et de l’identitaire; et d’inaugurer, s’appuyant sur la puissance inventive de l’écart, un commun intensif. »

JULLIEN, François, Il n’y a pas d’identité culturelle, éd. L’Herne, 2016, 104 p.

 

Le « milieu », premier « être au monde » de l'homme 
« L’être humain est un être géographique. »  p.10

« L’écoumène, c’est l’ensemble et la condition des milieux humains, en ce qu’ils ont proprement d’humain, mais non moins d’écologique et de physique. C’est cela, l’écoumène, qui est pleinement la demeure (oikos) de l’être humain. » p.17

« Ce qui se passe « là-bas », très au-delà des limites de notre corps, et même dans l’éventualité où nous n’y mettions jamais les pieds, constitue notre existence même. » p.14

BERQUE Augustin, L’écoumène : introduction à l’étude des milieux humains, éd. Belin, 2000, 446p.

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« Le global, que l'on cherche à matérialiser spatialement, implique une succession de lieux intermédiaires situés et bien localisables. » 
Le territoire est donc une "succession de franchissements de seuils, depuis la peau, zone de contact, jusqu’à l’extension territoriale la plus éloignée. »

« Tout être vivant est à la fois indigène (producteur de son terrain de vie) et migrant (occupant sans cesse des frontières et des terrains de vie voisins (…) de ce point de vue, on a toujours perdu son Umwelt, on est toujours en train de le refaire, et le monde lui-même est toujours en train de nous échapper. Si la notion d’appartenance à un territoire est à revoir, comment penser politiquement la composition, l’agencement de nos espaces de vie, de nos habitats ? C’est à l’ancienne question des frontières qu’il faut désormais s’attacher. »
« La peau est notre limite ultime mais non pour autant le siège du moi unique, plutôt le médium par lequel nous éprouvons, découvrons et façonnons nos habitats, les territoires, le(s) monde(s), en intensité relationnelle et non pas en annexion néga-relationnelle. » p.65

« Dans cette hypothèse, il n’y a pas un monde imaginaire à l’intérieur de nous mais le territoire de tous contenu en chacun, selon un système d’appartenances complexe composé d’enveloppes et de trajectoires (…) car le point de vie n’est pas un espace imaginaire : c’est un territoire, le territoire de quelqu’un avec ses attachements et ses singularités. » p.56

→ ARÈNES Alexandra, GRÉGOIRE Axelle, AÏT-TOUATI Frédérique, Terra forma, Manuels de cartographies potentielles, éd. B42, 2019, 192p., p.6.
 

« De quoi sommes-nous tapissés de l’intérieur ? »
→ (cf) DELEUZE Gilles.

 

« Il n'y a pas d'identité culturelle »

« La prochaine campagne électorale en France, entend-on, tournera autour de "l’identité culturelle".
Autour de ces questions,  ne faut-il pas défendre "l’identité culturelle" de la France contre la menace des communautarismes ? Où placer le curseur entre la tolérance et l’assimilation, l’acceptation des différences et la revendication identitaire ?
Ce débat traverse l’Europe entière ; il concerne, plus généralement, le rapport des cultures entre elles en régime de mondialisation.
Or je crois qu’on se trompe ici de concepts : qu’il ne peut être question de "différences" isolant les cultures, mais d’écarts maintenant en regard, donc en tension, et promouvant entre eux du commun. Ni non plus d’"identité", puisque le propre de la culture est de muter et de se transformer, mais de fécondités ou ce que j’appellerai des ressources.
Je ne défendrai donc pas une identité culturelle française, impossible à identifier, mais des ressources culturelles françaises (européennes) - "défendre" signifiant alors non pas tant les protéger que les exploiter. Car, s’il est entendu que de telles ressources naissent dans une langue comme au sein d’une tradition, en un certain milieu et dans un paysage, elles sont ensuite disponibles à tous et n’appartiennent pas. Elles ne sont pas exclusives, comme le sont des "valeurs" ; elles ne se prônent pas, on ne les "prêche pas". Mais on les déploie ou on ne les déploie pas, on les active ou on les laisse tomber en déshérence, et de cela chacun est responsable.
Un tel déplacement conceptuel obligeait, en amont, à redéfinir ces trois termes rivaux : l’universel, l’uniforme, le commun, pour les sortir de leur équivoque. Comme il conduira, en aval, à repenser le "dia-logue" des cultures : dia, de l’écart et du cheminement ; logos, du commun et de l’intelligible. Car c’est ce commun de l’intelligence qui fait l’humain.
Or, à se tromper de concepts, on s’enlisera dans un faux débat, donc qui d’avance est sans issue. »
  
JULLIEN François, Il n’y a pas d’identité culturelle, éd. L’Herne, coll. Cave Canem, 2016, p.5-6.

 

Le local, une échelle incomplète ?

« Les territoires ruraux et périurbains peuvent revendiquer une force de projet et une capacité d’action qui leur soit propre. Cela n’exclut pas la conscience des phénomènes externes globalisés, et des interdépendances, comme nous l’avons souligné. Mais retrouver une dynamique qui repose sur ses propres ressources est vital : pour l’économie, mais aussi culturellement et politiquement. », p.13

« Cette refondation imaginaire du territoire français, redécouvrant les solidarités et les interdépendances comme la diversité des richesses locales, répond à quadruple effort : une métamorphose des représentations collectives, une inversion du paradigme global sur l’évaluation des richesse et des paramètres de développement, une reconquête des initiatives locales et des points de vue exprimés dans toute la diversité des territoires, une réactivation des politiques de solidarités et de partenariats entre les territoires. », p. 17

« Rural et périurbain sont trop souvent renvoyés à une image obsolète ou médiocre (“la France Moche”, par exemple). Il est vrai que beaucoup d’aménagements sont très mal conçus. Mais il existe aussi de très bons exemples, en France comme chez nos voisins. Pour promouvoir un "imaginaire" plus favorable des aménagements ruraux et des campagnes urbaines, il faut constituer progressivement une collection éditée et une plateforme numérique répertoriant les exemples les plus intéressants, en explicitant les qualités paysagères, sociales, l’histoire des projets, les processus et les acteurs qui en ont guidé la mise en œuvre. », p. 32
→ BONNET, FREDERIC, « Aménager les territoires ruraux et périurbains », rapport remis à Sylvia PINEL (ministre du logement, de l’égalité des territoires et de la ruralité), jeudi 7 janvier 2016, 129 p.

 


GAÏA, UN ÉCO-SYSTÈME EN INTERACTION CONSTANTE


L'humain, un être parmi tant d'autres

« Je ne sépare pas les humains du reste de l’écosystème. » p.26

« La Terre est un « jardin planétaire » irrémédiablement dégradé par l’Homme. [Avec le Tiers Paysage, Gilles Clément] propose de rendre certains espaces à l’état naturel plutôt que de les livrer à l’aménagement. » p.23

CLÉMENT, Gilles, RAHM, Philippe, ENVIRON(NE)MENT - Manières d’agir pour demain, éd. Skira, 2006, 160p. 


L’humain, une composante dans un système d'interactions interespèces
« Plus que jamais, à l’ère numérique, globalisée, capitaliste et accélérée, il est vital de penser les rapports concrets qu’entretiennent humanités et écosystèmes, villes et géographies, corps et espace. »

 « Les architectes, urbanistes et paysagistes doivent aujourd’hui sortir de leurs domaines respectifs pour enquêter du côté des sciences de l’esprit, du vivant, des sociétés et de la Terre, et participer pleinement aux études en "humanités environnementales" émergentes. », p. 11

ROLLOT Mathias, Les territoires du vivant – Un manifeste biorégionaliste, éd. François Bourin, 2018, 256p.
 

Les "points de vie", générateurs d'espace
L’espace n’est pas un simple contenant, mais un « milieu vibrant, vibratile, composé de 1 000 superpositions et actions des êtres qui nous entourent, constamment et indéfiniment produit par les mouvements et les perceptions de ceux qui le font. », p.6

→ ARÈNES Alexandra, GRÉGOIRE Axelle, AÏT-TOUATI Frédérique, Terra forma, Manuels de cartographies potentielles, éd. B42, 2019, 192p.

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LE TERRITOIRE PERÇU 

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« Qu’il soit élitiste ou démocratisé, le paysage dépend du regard que portent les populations sur leur environnement, donc du contexte culturel qui sous-tend ce regard et qui fera, ou non, percevoir ce paysage comme beau. De ce point de vue, l’aliment et le paysage, dès qu’ils sont perçus, relèvent d’un même registre : celui du goût », celui-ci étant toujours susceptible d’évoluer puisqu’appartenant à un contexte culturel. »
« S’il fut un temps où l’on pouvait considérer que le paysage ne se confondait pas avec l’environnement, on peut se demander s’il est encore possible aujourd’hui de trouver un paysage "beau" lorsqu’on le sait pollué : ici aussi, le paysage et l’aliment se rejoignent, puisqu’il serait difficile de trouver "bon" un aliment que l’on saurait toxique (...) le goût du paysage agricole peut aussi contribuer à nos modes de vie et résider dans le plaisir d’habiter une maison en bois, d’être chauffé par une agro-énergie renouvelable, de respirer un air exempt de pesticides, de cohabiter avec une biodiversité riche, etc. »

→ BARDAINE Clémence, VIDAL Roland, « Le goût des paysages agricoles », Anthos, n°4, 2018. 


« C’est quand nous nous trouvons dans un paysage de barrières, de haies et de murs bien construits, bien entretenus (...), que nous prenons conscience d’être dans un paysage ou les hommes de loi vivent bien, ou chacun sait combien de terre il possède, un paysage ou l’identité politique est une affaire importante. »
« Il s’agit d’apprendre à voir. »

→ BRINCKERHOFF JACKSON John, À la découverte du paysage vernaculaire, éd. Actes Sud, 2003, 277 p.

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LE TERRITOIRE PALIMPSESTE
 

« Site-seer » et « site-maker » : poser le regard sur des territoires souvent oubliés, jamais mentionnés pour les faire exister, en regardant le paysage on participe à sa création et son renouvellement.

« Possible renaissance de l’architecture de paysage entendue comme art de la représentation in situ des territoires et de leurs transformations. » (cf Land Art)

« Machines à rendre sensibles des forces qui ne l’étaient pas ou plus. », p.108 

« Ce qui a disparu est, en fait, aussi important à évoquer que ce qui est là. », p.112
« La grande question de l'urbanisme n’est plus tant celle qui occupait Alberti, de savoir comment choisi le site ou la ville sera construite, que celle de savoir comment nous parviendrons à hériter, et à travers quels projets, de sites qui sont désormais tous concernés par la mutation suburbaine des territoires. Cette situation implique, entre les deux grands régimes de raisons qui déterminent tout projet, à savoir le programme et le site, un renversement de perspective. Elle appel l'émergence d’une discipline ou la hiérarchie traditionnellement instaurée par l'urbanisme entre programme et site (d’après la logique de commande qui prévaut en architecture) serait inversée, le site devenant l’idée régulatrice du projet. À cette démarche alternative et à ses préoccupations caractéristiques, qui se profilent de façon particulièrement claire dans l’architecture dite de paysage, nous proposons de donner le nom de sub-urbanisme. »

→ MAROT Sébastien, L’art de la mémoire, le territoire et l’architecture, éd. La Villette, 2010, 112 p.

Type de carte 

Frontières 

Clés de lecture

La carte est divisée par quartiers qui représentent les différents lieux de l’échantillon analysé. Ces quartiers sont proportionnés selon la superficie qu’ils occupent par rapport à la superficie totale (échelle de la commune). Deux autres cercles sont placés autour de la cible intérieure. Ils constituent les échelles plus larges : celle de l’intercommunalité et de la région. De ce fait, plus on se dirige vers l’extérieur du cercle, plus on se situe loin de l’échantillon de départ. Il s’agit d’une lecture par imbrications d’échelles.

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