Si la notoriété et le prestige du champagne ont aujourd'hui une ampleur mondiale, c'est en grande partie grâce au négoce, représenté en Champagne par des « Maisons », entreprises industrielles et commerciales de différentes envergures (familiale, nationale, internationale...). Parmi celles-ci, on compte plusieurs multinationales, donc cinq groupes côtés en bourse : LVMH (Moët & Chandon, Veuve cliquot, Krug, Mercier...), Vranken-Pommery Monopole, Lanson-BBC, Laurent-Perrier et Pernod-Ricard. 

C’est à Épernay, en 1729, que la première Maison de Champagne est fondée par un marchand drapier du nom de Nicolas Ruinait. Aujourd'hui, on en compte plus de 360, qui possèdent seulement 10% du vignoble mais sont responsables de plus de 70% de la production : l'approvisionnement est garanti par un partenariat pluriannuel avec les vignerons. D'après ces derniers, c'est l'association unique entre récoltants (petits comme gros exploitants et coopératives plus tardivement) et négociants qui a permis au champagne d'être diffusé auprès des élites à l'échelle internationale, par le biais de marques phares. Cette coopération s'articule autour d'un organe interprofessionnel spécifique : le Comité Champagne (anciennement CIVC), où l'on retrouve des représentants du SGV (Syndicat général des Vignerons) et de l'UMC (Union des Maisons de Champagne).

À produit grandiose, architecture grandiose : les Maisons de Champagne ont fait de leurs bâtiments un outil de représentation, une vitrine du faste et du luxe. Parmi les ensembles les plus remarquables, on compte les bâtisses de l'Avenue de Champagne à Épernay, classées au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2015, au même titre que les coteaux historiques et que certaines des caves souterraines du vignoble. La monumentalité de ces édifices se matérialise dans l'usage alterné de la pierre de taille et de la brique, parfois de la mosaïque pour représenter des scènes de la fabrication du vin effervescent (c'est le cas du cellier Mumm, par exemple, créé vers 1900). 

Outre leur noblesse architecturale et leur impact sur la qualité urbaine et paysagère de la ville, ils reflètent également les logiques de production mises en oeuvre pour favoriser la diffusion la plus efficace possible du produit, par leur implantation à proximité des axes de communication (routes, canaux, voies ferrées) utiles pour la commercialisation.

Cette typologie a bien résisté à la succession des époques : les Maisons de Champagne ont été relativement épargnées par les destructions durant les guerres mondiales (le champagne) et leurs propriétaires font de leur conservation un atout commercial majeur. L'importance de ce bâti est telle que dans certains cas de destruction, le bâti a été reconstruit à l'identique : c'est le cas par exemple du champagne Pommery, dont les bâtiments, édifiés entre 1870 et 1878, ont été reconstruits à l'identique après la première guerre mondiale.